Après une saison 3 plutôt bien foutue malgré quelques baisses de rythme et certaines incohérences scénaristiques, on attendait assez impatiemment la saison 4. Du
moins, moi, je l'attendais. Et surtout pour le devenir de Nathan/Sylar qui laissait espérer une excellente et tragique histoire de dualité qui amènerait sûrement la disparition définitive d'un
personnage important.
En attendait, les héros retournent à une vie "normale" et se remettent progressivement de l'épuisant volume 4 où ils étaient pourchassés par les forces
gouvernementales. Les choses se calment. Claire part à la fac, Noah découvre la vie de célibataire, Peter profite de ses pouvoirs pour sauver le monde à sa manière en se consacrant à 200 % à son
job d'ambulancier... Est-ce un hasard si le titre du volume s'appelle Redemption?
Mais les intrigues ne sont pas toutes aussi gentillettes. On commence par une étrange fête foraine dont le dirigeant, Samuel (interprété par Robert "T-Bag"
Knepper), semble avoir de drôles de desseins pour les gens ayant des pouvoirs. De même, Matt Parkman, traumatisé par le lavage de cerveau qu'il dut opérer à la fin de la saison 3, est victime
d'inquiétantes visions. Sans compter Tracy Strauss qui cherche à se venger des responsables de sa mort présumée, dont Danko et Bennet.
On était en droit d'attendre à une quatrième saison toute aussi passionnante que les première et troisième. Hélas! il n'en est rien car, va savoir pourquoi, les
choses se tassent et on a sérieusement l'impression d'assister à une prolongation de la saison 2, hantée par du remplissage et des intrigues sous-exploitées, au détriment de ce qui était vraiment
intéressant dans les conséquences de la saison précédente.
La déception est donc de mise cette année. Personne ne semble croire à l'avenir du show qui avait pourtant bien débuté. Que cela soit les acteurs qui paraissent
vraiment fatigués, les scénaristes qui ont du mal à tenir la route ou tout simplement les techniciens qui ont sûrement été victimes d'une diminution de budget évidente, Heroes tente de
sauver les meubles avec une saison dont le nombre d'épisodes aurait peut-être mieux fait de passer de 19 à 12.
La faute à une intrigue principale pas franchement intéressante, étirée en longueur, extrêmement prévisible, et qui se boucle de manière extrêmement bâclée
(nouvelle preuve que les scénaristes ne savent pas clore une saison).
Inversement, de nombreuses sous-intrigues prometteuses passent rapidement à la trappe ou ne durent que le temps de quelques épisodes. La principale déception vient
surtout du sort réservé à Nathan/Sylar. Alors qu'on pouvait penser que cela constituerait le fil rouge de ce volume 5 qui aurait pu prendre fin par un affrontement final en diamétrale opposition
avec celui de la saison 1 (où Nathan revenait aider son frère), cette histoire excitante sur le papier subit un traitement extrêmement convenu (voire mauvais) qui ne va jamais au bout des choses
(dommage que le personnage de Millie, vue dans la saison 3, ne soit pas plus présent). Même chose pour le personnage du jeune guérisseur dont le sort est réglé de manière bien sale sans que cela
n'ait de réelles conséquences (à part une vengeance expédiée un peu vite).
Bien sûr, tout n'est pas à jeter dans cette saison 4. Si le personnage de la malentendante (interprétée par une véritable malentendante qui fut un temps l'héroïne
de la série Sue Thomas, l'oeil du FBI) est sous-développé lui aussi, il est prétexte à des scènes touchantes et poétiques qu'on aurait aimé plus nombreuses (ou du moins plus utiles). De
même, la quasi-disparition de Mohinder et Ando permet de mieux se concentrer sur d'autres personnages qui constituent toujours les valeurs sûres de la série comme Noah Bennet, dans une moindre
mesure Peter Petrelli (qui paraît bien plus naturel ici que précédemment où il se la jouait trop) et Hiro, dont la quête pour sauver sa bien-aimée le rend plus tolérable (moins de yatta)
et plus sombre (la scène où il empoigne Samuel). On notera enfin un Sylar bien en retrait, qui incarne parfaitement l'idée de rédemption mais dont les meilleures apparitions ne figurent que dans
la saison précédente.
L'autre gros point noir de cette saison est aussi l'absence de lien entre toutes les intrigues et sous-intrigues. De nombreux personnages ne vont jamais se croiser
durant les 19 épisodes! Je prends l'exemple de Nathan et de Claire (qui sont quand même unis par un lien de parenté!). De même, le problème Sylar qui, autrefois, ralliait tous les héros, aura ici
des conséquences bien limitées, et ce de manière injustifiée. Pourquoi Matt ne va jamais voir Bennet ou Angela pour leur faire part des difficultés qu'il rencontre avec l'esprit du tueur?
De même, si Samuel sera allé voir une bonne partie des personnages pour tenter de les rallier à sa cause, il est vraiment dommage qu'on ne se rende compte de sa
dangerosité potentielle que vers le 15ème épisode (il est quand même le fil rouge de la saison!).
Il y a donc une forte impression d'éclatement des intrigues, qui sont toutes indépendantes des unes des autres. Suivre Heroes est toujours un peu compliqué
à cause de ça, mais généralement, à la fin, tout se connecte, et on comprend mieux certains choix scénaristiques. Ici, ce n'est pas vraiment le cas et ça respire pas mal l'irrégularité. Il n'est
ainsi pas rare de voir disparaître durant plusieurs épisodes de nombreux personnages pour mieux nous les ressortir sans prévenir, comme si les scénaristes s'étaient rendus compte qu'ils
oubliaient de traiter quelque chose (Matt en est le parfait exemple, ainsi que Tracy).
Dans la même veine, il est aussi regrettable que Claire soit très présente durant cette saison alors que, personnellement, je trouve que c'est un des personnages
les moins intéressants. Peut-être est-ce pour rallier les plus libidineux? D'autant plus que l'actrice use fort du maquillage et des mini-shorts à cette fin supposée...
Par contre, le côté terriblement sombre de l'Humanité ressort dans ce volume 5 avec en tête le massacre du jeune guérisseur, et cet employé que Peter tentera de
raisonner, sans succès. Hélas, il s'agit de quelques gouttes perdues dans l'océan.
En effet, la déception est majoritairement présente dans cette saison qui plaira surtout aux fans (et encore, même eux sont terriblement sévères). Saison qui est
officiellement la dernière, la faute à des audiences catastrophiques et en chute libre depuis la saison 2. Pour autant, l'ensemble se suit agréablement, mais il ressort une très forte impression
d'intrigues à tiroirs que les scénaristes n'ont clairement pas cherché à refermer, sans parler d'un final toujours aussi frustrant... qui ouvrait pourtant la voie vers a brave new world.
Y aura-t-il un jour une conclusion digne de ce nom à cette aventure?