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10 mars 2014 1 10 /03 /mars /2014 09:20

Aux Etats-Unis, on compte les meilleurs réalisateurs sur les doigts des deux mains et les orteils des deux pieds. En France, on peut déjà supprimer les orteils et une bonne partie des doigts de la seconde main (sévère mais juste). Et parmi ces quelques cinéastes compte-t-on Jean-Pierre Jeunet (et aussi François Ozon mais ça, c'est une autre histoire).

Jean-Pierre Jeunet, c'est le réalisateur de Delicatessen, de La Cité des Enfants Perdus, du Long Dimanche de Fiançailles et de Micmac à Tire-Larigot. C'est aussi (surprenant!) celui de Alien Resurrection (le quatrième de la saga éponyme). Mais surtout celui d'un film qui a beaucoup fait parler de lui au début des années 2000 : Le Fabuleux Destin d'Amélie Poulain (FDAP), et qui permit notamment de faire connaître Audrey Tautou, interprète du rôle principal.


Mais comme tout film qui connaît un certain succès, l'effet "bouche-à-oreille" peut avoir un effet contre-productif et nombreux seront les spectateurs qui n'auront pas été sensibles à l'univers de Jean-Pierre Jeunet, ne comprenant pas, de leur propre aveu, "tout le foin qui aura été fait autour" de cette jolie petite fable.

Car oui, Amélie Poulain est une fable, qui se définit comme un récit dont le but est de donner une leçon de vie (définition Wikipédia). Attention. Une leçon de vie. Pas une leçon de morale. Ce n'est pas la même chose.

L'univers est donc enjolivé et c'est sûrement cet enjolivement qui a été salué unanimement par le public et la critique. Un enjolivement qui passe par les thèmes chers à Jean-Pierre Jeunet qui sont notamment une image jaunie (donnant un aspect ocre, un aspect carte postale) et l'accent mis sur les détails et le système D.

Le FDAP cultive une certaine image de la France. Une image certes idéalisée mais qui n'a rien du cliché, et qui fera profondément écho à chacun de nous (qui a oublié l'odeur des poulets qui rôtissent sur les marchés ?).

A suivre...

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12 avril 2013 5 12 /04 /avril /2013 18:00

http://fr.web.img4.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/62/45/92/18709674.jpgIl était temps de dédier un article complet à l'un des meilleurs Pixar à mes yeux, à savoir le fameux Ratatouille, sorti en 2007, et devenu un classique instantané.

 

Oui, un classique instantané. N'ayons pas peur des mots. Surtout que Ratatouille représente sûrement l'apogée de Pixar, le studio phare de l'animation, qui allait livrer respectivement en 2008 et 2009 pas moins de deux chefs-d'oeuvre : Wall-E et Là-Haut.

 

A partir de l'été 2010 (les sorties des Pixar sont le plus souvent estivales), l'engouement sera moindre. Pourquoi ? Tout simplement parce que le studio peine à se renouveler, préférant accumuler les suites de qualité aléatoire (le très bon Toy Story 3, le moyen Cars 2) et livrer des histoires plus conventionnelles (Rebelle porte mal son titre, même si l'on peut y voir une jolie métaphore de la relation Disney/Pixar dans le rapport mère/fille).

 

A l'heure où ces lignes sont écrites, Pixar semble consolider sa ligne directrice, à savoir celle qui se focalise sur des suites à outrance, la preuve en est avec Monstres Academy (la suite de Monstres et Compagnie, même s'il s'agit plus d'un préquelle en fin de compte) et Le Monde de Dory (qui est également une suite/préquelle, mais pour le Monde de Nemo).

 

La rumeur annonçait à une époque Les Indestructibles 2, et avouons qu'il s'agissait sans aucun doute du projet le plus enthousiasmant de tous. L'idée de voir grandir les enfants de la famille (surtout le petit dernier, Jack-Jack, dont les pouvoirs ne se révélaient qu'à la fin du premier film) recelait en soi assez de ressorts scénaristiques pour un futur chef-d'oeuvre. Sans compter la galerie des autres super héros (Frozone !).

 

En même temps, Pixar se fait gentiment rattraper par les autres studios d'animation, que cela soit Blue Sky (à qui l'on doit la saga de L'Âge de Glace) ou Dreamworks (et ses Shrek) qui ont cédé depuis longtemps à la mode des suites, mais qui comprennent progressivement que c'est avec des projets réellement originaux que l'on fait parler de soi (Rio était sincèrement un joli spectacle de la part de Blue Sky).

 

Mais c'est oublier que Pixar dispose dans son écurie de véritables bijoux de l'animation, devenus instantanément cultes et classiques, salués tant par le public que par la critique. Ratatouille est de ceux-là.

 

 

Ratatouille raconte l'histoire de Rémi, un rat passionné de cuisine. Tiraillé entre son ambition de devenir un grand chef et sa nature de rongeur, un concours de circonstances l'amène à vivre à Paris, capitale de la gastronomie, et à travailler "sous couverture" dans l'un des plus grands restaurants du monde, celui du défunt Auguste Gusteau.

 

Il y a tellement à dire sur ce film d'animation que l'on ne sait pas par quoi commencer.

 

On peut déjà signaler que Ratatouille est réalisé par Brad Bird, à qui l'on doit  Le Géant de Fer et ...  Les Indestructibles. Excusez du peu.

 

On peut aussi souligner que la musique a été composée par Michael Giacchino, un "jeune" compositeur (45 ans), qui s'est en l'espace de dix ans, fait un véritable nom dans le milieu, et qui apparaît comme l'un des dignes successeurs de John Williams, tant dans l'esprit que pour la composition des musiques des futurs épisodes de Star Wars (!).

 

D'un point de vue technique, comme souvent avec Pixar, c'est très abouti. Le photo-réalisme est poussé, d'autant plus pour les aliments. Car, comme le titre du film l'indique, la véritable star du métrage, c'est la cuisine. Que cela soit la pièce au sens strict ou l'activité au sens large. Les couverts, les casseroles, les assiettes, etc. Pixar connaît son sujet, allant même jusqu'à emprunter la personne de Paul Bocuse, le célèbre chef, pour modéliser Auguste Gusteau, qui constituera une sorte de conscience pour Rémi.

 

On y décèle également la dénonciation d'une déviance très actuelle qui veut que les grands chefs soient obligés de "prostituer" leur image et leur nom pour le compte de sociétés agro-alimentaires (Joël Robuchon avec Fleury Michon, ou encore Marc Veyrat pour le jambon Madrange). Aussi, voir Skinner, le second de Gusteau, prostituer l'image de ce dernier pour vendre des surgelés n'a-t-elle rien de fantaisiste. Notons d'ailleurs que Skinner n'est pas sans rappeler, dans l'attitude, la voix et le physique, l'acteur français Louis De Funès.

 

C'est donc avec un réel amour pour la cuisine française que Pixar conçoit Ratatouille. La vision idéalisée de Paris et des Français en général n'a rien de surfait et sonne même très juste, là où de nombreux films américains ont dû mal à imaginer autrement le Parisien que par l'image d'un romantique affublé constamment d'un béret, et adepte de cuisses de grenouille et d'escargots. On n'échappe pas au cliché des Deux-Chevaux et autres DS qui sillonnent les rues de la capitale mais c'est assez discret, et le charme opère d'autant plus avec la musique composée par Michael Giacchino qui maîtrise à la perfection la musique "à la parisienne". A noter la chanson "Le Festin", interprétée par l'artiste Camille, qui n'est pas sans évoquer le style de Edith Piaf.

 

Le scénario en lui-même est assez élaboré. On peut ne pas adhérer au principe du rat qui manipule tel un marionnettiste un être humain mais, sur l'écran, le résultat est plus que convaincant, et participe à la poésie de l'ensemble, tel un Cyrano des temps modernes. Le tout sans omettre l'action et l'humour propres à ce genre de divertissement grand public, et en se permettant même une jolie réflexion sur le métier de critique et la condition d'artiste (tout le monde ne peut pas être un artiste, mais un artiste peut surgir de n'importe où).

 

Malgré ses presque deux heures de métrage, le spectateur ne voit pas le temps passer, quelque soit son âge, faisant de Ratatouille l'un des Pixar les plus aboutis, les plus généreux, les plus appréciés et les plus réussis.

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31 mars 2013 7 31 /03 /mars /2013 14:00

http://fr.web.img5.acsta.net/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/68/34/59/19254717.jpgA l'heure où les producteurs ne jurent principalement que sur les dessins animés réalisés sur ordinateur (ce qui donne lieu à du très bon, comme avec Pixar), il est parfois bon de revenir un peu en arrière, notamment à l'époque pas si lointaine où le numérique n'avait pas encore tout conquis et où son utilisation était parcimonieuse et discrète.

 

En 1999 sort Le Géant de Fer. Un dessin animé comme il en existe des tas et qui, s'ils n'ont pas la chance d'être estampillés Disney, périront rapidement dans l'oubli le plus total. Car ce dessin animé n'est pas un Disney. C'est un Warner. Un peu l'ennemi juré de Disney d'ailleurs, il y a un temps, puisque si Disney avait dans ses écuries Mickey, Donald et Dingo, Warner possède quant à lui Bugs Bunny, Daffy Duck, Bip-Bip et Coyote, et j'en passe. Heureusement, en 1988, une trève temporaire fut trouvée pour les faire coexister dans le cultissime Qui veut la peau de Roger Rabbit. Et puis, de toute manière, avec le temps, les choses ont évolué. Pixar est arrivé, Disney a eu quelques problèmes financiers, et Warner s'est progressivement tourné vers les adaptations animées des DC comics (Batman TAS et tout ce qui en a découlé, c'est Warner).

 

Fait intéressant : Le Géant de Fer a été réalisé par Brad Bird. Ce nom ne dit peut-être pas grand chose mais quand on s'aperçoit que le Monsieur est aussi le réalisateur de quelques-uns des meilleurs Pixar (Les Indestructibles et Ratatouille) ainsi que du Mission:Impossible 4 (considéré comme très bon), on se dit qu'on n'a pas affaire à n'importe qui.

 

On s'en rend d'autant plus compte avec Le Géant de Fer, dessin animé finalement assez audacieux, qui narre l'amitié naissante entre un petit garçon d'une dizaine d'années avec un robot géant venu de l'espace, le tout dans l'Amérique profonde de la fin des années 50 en pleine Guerre Froide. Le contexte a son importance car il participe majoritairement à l'ambiance générale du film, empreinte d'une certaine paranoïa, illustrée à merveille par le vilain de l'histoire : un agent du gouvernement dont la philosophie peut être résumée à "la meilleure défense, c'est l'attaque".

 

A cette ambiance assez inédite pour un long-métrage d'animation s'ajoute un traitement particulièrement soigné pour d'autres éléments, comme les personnages qui sonnent tout à fait juste et une animation de qualité. Il y avait pourtant de quoi craindre une approche purement puérile mais non. Le Géant de Fer évite à merveille ces écueils, là où n'importe quel Disney "classique" aurait foncé tête baissée. L'humour n'est pas en reste et va également plus loin que ce qu'on aurait pu penser, ce qui constitue une excellente surprise.

 

En témoigne l'utilisation d'un laxatif : assez inattendu pour un dessin animé alors que ce genre de gag se retrouve essentiellement dans les teen-movies graveleux du genre American PieL'émotion n'est pas en reste et le scénario traite de thèmes assez graves : la bombe atomique, la mort, le patriotisme aveugle... Le tout avec beaucoup de finesse.

 

Bien sûr, il faut garder à l'esprit que l'on a affaire à un dessin animé, donc le public principalement visé, ce sont les enfants. Cependant, il y a suffisamment de subtilités et de justesse dans le spectacle pour permettre à tout le monde d'y trouver son compte.

 

Le Géant de Fer constitue donc une véritable réussite, malheureusement trop discrète, mais les oreilles les plus attentives auront déjà eu l'occasion d'entendre à maintes reprises qu'il s'agit d'un très très bon dessin animé.

 

Espérons que la popularité sans cesse grandissante de Brad Bird achèvera de le remettre au goût du jour.

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28 février 2013 4 28 /02 /février /2013 12:00

http://images.allocine.fr/r_160_240/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/65/68/04/18881925.jpgLe premier Starship Troopers s'auto-suffisait à lui seul. Pour mémoire, il s'agissait d'un hommage parodique aux films de guerre, de science-fiction et de propagande, le tout réalisé par Paul Verhoeven, à qui l'on doit le sulfureux Basic Insinct, et qui ne jure que par la violence et le sexe.

 

De quoi susciter la curiosité d'un public assez large et, somme toute, assez masculin. Ce n'est pas pour autant que Starship Troopers est un croisement inespéré entre un épisode de Saw et un film de boules du samedi soir, loin de là. Au contraire, il y règne un second degré ambiant et une réflexion qui permettent de hisser le divertissement au-dessus de la moyenne du genre. Pour mémoire, la moyenne du genre, c'est Transformers, alors à vous de choisir votre camp.

 

Seulement, manque de pot, on n'est pas ici pour parler du premier Starship Troopers (qui vaut le coup d'oeil) mais de sa suite directement sortie sur DVD sans passer par la case "salle de ciné". Normal, me direz-vous quand on voit la qualité du produit : acteurs de troisième zone, budget vraisembablement très réduit, une promotion qui ne surfe que sur la vague de succès qu'a connu le premier épisode, etc.

 

Vraiment pas de quoi en faire toute une histoire.

 

Pourtant, les noms à l'origine du projet pouvaient légitimement fonder quelques espoirs. Le scénario est signé Ed Neumeier (le scénariste du premier film) et la réalisation est de Phil Tippett (responsable des effets spéciaux sur le premier film également). Autant dire qu'on ne s'éloignait finalement pas tant que ça du standing du premier film. Même les acteurs du second opus sont issus du même milieu que ceux du premier, à savoir l'univers des séries TV. On retrouve donc Richard Burgi (The Sentinel, Desperate Housewives), Kelly Clarkson (Nip/Tuck) et d'autres têtes relativement connues mais, pour le coup, ça sent tellement le fauché et l'opportunisme que ça pue l'embrouille. Même l'histoire est des plus décevantes car tente de repomper les grandes lignes d'Alien (un huis-clos) plutôt que de nous montrer le truc le plus jouissif de Starship Troopers, à savoir une bande de soldats crétins (se faire) dézinguer (par) de l'insecte géant.

 

Le pire dans tout ça, c'est qu'hormis quelques spots publicitaires qui rappellent le côté subversif du film original, l'histoire se veut des plus sérieuses. Inutile de dire que ça foire carrément et que personne n'y croit un seul dixième de seconde.

 

Inutile d'aller plus loin. Starship Troopers 2 fait partie de ces suites direct-to-DVD qui font littéralement honte à leurs prédécesseurs (tout comme Hollow Man 2 et L'effet Papillon 2 pour ne citer qu'eux). A tout le moins a-t-on droit à une série B de seconde zone. Et autant dire que ce n'est guère flatteur, la série B étant par définition un produit de seconde zone, c'est aller loin que de dire qu'il s'agit d'un film de seconde zone parmi ceux de seconde zone. A-t-on affaire à une quatrième zone ? On peut toujours se rassurer en disant que ce n'est pas aussi mauvais ni aussi hilarant qu'une série Z... Mais ça reste quand même mauvais.

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23 décembre 2012 7 23 /12 /décembre /2012 13:00

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/83/56/27/20114749.jpgL'été 2008 fut une bonne année en terme de cinéma. Outre un touchant Wall-E, inventif et courageux, la période fut surtout marquée par la suite du Batman Begins de 2005, à savoir The Dark Knight, qui confronte cette fois le ténébreux Batman au non moins célèbre Joker.



Initialement prévu en deux parties, le projet fut toutefois abandonné pour plusieurs raisons, notamment le décès soudain de Heath Ledger, l'acteur qui prêtait ses traits à ce fameux vilain.



Toutefois, The Dark Knight demeurait indubitablement un excellent film, encensé par la presse comme par le public. La prestation du regretté Heath Ledger y est pour beaucoup (il décrochera l'Oscar du meilleur acteur à titre posthume) mais cet épisode recèle suffisamment de qualités pour s'en affranchir, à commencer par le personnage de Harvey Dent (autre personnage emblématique de l'univers) et l'importance accordée à Jim Gordon (Gary Oldman, parfait comme toujours).



The Dark Knight se finissait de manière assez pessimiste. La fin restait certes ouverte mais il n'y aurait eu aucun mal à ne pas donner de suite.



(Mal)heureusement, l'appât du gain est souvent fort, surtout concernant un Batman au cinéma, et cela est sans surprise qu'un troisième épisode fut mis en chantier avec la même équipe, à laquelle viennent se greffer quelques petits nouveaux (dont Joseph Gordon-Levitt, Tom Hardy et Marion Cotillard, rescapés du très bon Inception, et la sexy Anne Hathaway).



L'annonce d'un nouveau Batman est toujours un évènement en soi, surtout pour ce qui est de savoir quels seront cette fois les méchants (ainsi que leurs interprètes). S'il y a bien un super-héros (mais Batman peut-il être qualifié de super-héros stricto sensu ?) qui possède la galerie de vilains la plus intéressante et la plus fournie, c'est certainement Batman. Entre les incontournables Joker, Double-Face, Pingouin, Homme-Mystère, Mister Freeze, Poison Ivy, Gueule d'Argile, Chapelier Fou ou encore Ra's Al Ghul, il y a de quoi faire !



C'est avec un certain scepticisme que l'on apprit que Bane et Catwoman seraient les prochains ennemis, là où de nombreuses rumeurs évoquaient l'Homme-Mystère ou encore Poison Ivy, des personnages quand même plus célèbres.



Pourquoi scepticisme ?

Parce que Bane est un personnage relativement récent (apparu pour la première fois en 1993) assez peu connu du grand public, et assez mal utilisé dans les quelques médias où il est apparu (il est cantonné au rôle de gros bras dans Batman & Robin, et dans la série animée des années 90).

A partir de là, comment bâtir une intrigue solide autour d'un Monsieur Muscle ? Mais une nouvelle fois, si l'on connaît un peu les comics, Bane ne se résume pas à un catcheur mexicain. C'est aussi un petit génie. Ce qui rend le personnage plus intéressant.



Quant à Catwoman, on pouvait légitimement se dire "difficile de succéder à la sublime Michelle Pfeiffer du génial Batman Returns". Mais compte tenu de ce que le Joker de Heath Ledger a donné alors même qu'il passait après le grand Jack Nicholson, nul doute que l'on pouvait s'attendre à quelque chose de prometteur malgré tout, tant que le réalisateur Christopher Nolan était aux commandes



L'été 2012 arrive plus ou moins rapidement avec son lot de grosses sorties attendues (dont le reboot de Spider-Man) mais un tragique évènement portera à mal la réputation de The Dark Knight Rises. Lors d'une première américaine, un psychopathe ouvre le feu dans la salle de cinéma en se revendiquant du Joker.

A partir de cet instant, le film est pointé du doigt. Les critiques presses mitigées s'en ressentent. Long, violent, douteux, intelligent, bavard, apocalyptique, génial, désastreuse prestation de Marion Cotillard... The Dark Knight Rises partage.

Une question demeure toutefois : le long-métrage aurait-il autant partagé s'il n'y avait eu la tuerie ?

Ou bien The Dark Knight Rises est-il réellement une déception ?



Etudions la question de plus près.

On a pu qualifier le film de long. Il est vrai qu'il n'est pas court. Le précédent épisode lui-même affichait quand même une durée de plus de deux heures. The Dark Knight Rises est légèrement plus long mais aussi un peu moins rythmé. La première partie prend son temps pour exposer la situation mais, surtout, pour présenter les nouveaux et nombreux personnages. Peu d'action à part l'impressionnante introduction, et donc beaucoup de bavardages.

La suite des évènements sera plus mouvementée, et en cela, les fans d'action auront de quoi se rassasier, pour peu qu'ils aient aimé les cascades des deux précédents films. Car il faut dire que Nolan a une manière bien à lui de filmer, donc on aime ou on n'aime pas. A chacun de se faire sa propre opinion là-dessus.



Mais il ne faut pas oublier que Batman, ce n'est pas que de l'action. Bien au contraire. En cela, Tim Burton l'avait extrêmement bien compris, surtout dans un Batman Returns très personnel à l'auteur. Christopher Nolan met également l'accent là-dessus, et cela s'en ressentait dès le Batman Begins de 2005 dont les principaux défauts résidaient dans ses scènes d'action illisibles, ce qui permettait d'insister sur la psychologie de Bruce Wayne.

Là où The Dark Knight insistaient sur les psychologies du Joker et de Harvey Dent, The Dark Knight Rises évoque surtout un retour aux sources, bien que s'inscrivant dans la continuité de l'épisode précédent. En témoigne le personnage de Catwoman dont la quête consiste à vouloir effacer son propre passé pour repartir de zéro, ou encore la résurrection de la Ligue des Ombres avec le personnage de Bane qui se pose ici en héritier de Ra's Al Ghul (ce qui s'avère être une très bonne idée).

Le personnage de Bruce Wayne lui-même, affaibli psychologiquement et moralement, et qui a cessé d'être Batman depuis la mort de Harvey Dent, se demande s'il doit reporter le costume de Batman ou non, ce qui n'est pas sans faire un parallèle avec le schéma du premier film (perte d'un être cher, remise en question, recherche d'une solution qui consiste à s'habiller de noir et à aller taper sur les bandits la nuit).



The Dark Knight Rises pose des problématiques intéressantes et assez osées, et qui sont susceptibles d'évoquer un certain malaise : le blocus de la ville, le plan particulièrement bien charpenté des terroristes menés par Bane, la neutralisation des forces de l'ordre, etc. Certains y verront même un message politique (soit, admettons mais n'instrumentalisons pas tout non plus).



Le réalisateur et son équipe ont mis les bouchées doubles, à la fois sur une réalisation musclée et sur un scénario poussé.

Mais le bât blesse surtout dans la mise en oeuvre. Car The Dark Knight Rises commet des erreurs grossières qui nuisent considérablement à l'ensemble.



La première qui vient à l'esprit (car elle fait aussi très “people”) est l'utilisation de l'actrice française Marion Cotillard, rescapée de Inception. Christopher Nolan la voulait à tout prix. Il l'a eu et s'en mord peut-être un peu les doigts. La jeune femme avait un emploi du temps chargé en plus d'être enceinte. Nul doute que le tournage d'un Batman n'était pas sa priorité et qu'elle a voulu faire plaisir à un ami insistant. Sa prestation est assez moyenne (aucune alchimie entre elle et Bruce, ce qui est presque contre-nature quand on connaît le comic) mais le comble est bien évidemment sa dernière scène. Inutile d'en faire l'apologie ici : tout a été dit et redit, que cela soit dans les magazines et les reportages. Soulignons juste que Guilaume Canet, défendant légitimement sa compagne, n'a pas manqué d'imputer la responsabilité au réalisateur lui-même qui n'a pas su choisir une meilleure prise. De quoi alimenter le débat, donc, si meilleure prise il y avait.



C'était pour le plus gros mais d'autres petits trucs viennent considérablement desservir cet épisode : Bruce Wayne qui s'infiltre dans Gotham alors même que l'armée en interdit l'accès après s'être échappé d'une prison dont on ignore l'emplacement, des policiers qui courent sans arme vers des terroristes munis de mitraillettes, un Batman dont tout le monde découvre aussi facilement l'identité, etc.

Bref. Que de la facilité qui fait quand même bien mal. A cela s'ajoute aussi un manque flagrant de surprise, que cela soit de la part du compositeur Hans Zimmer (qui nous ressort un peu toujours la même sauce) ou tout simplement des personnages féminins que Christopher Nolan ne sait toujours pas mettre en valeur (à l'exception des fesses de Catwoman).

Heureusement, les hommes rattrapent le coup. Outre les personnages familiers (Alfred, Fox et Gordon en tête, bien qu'un peu en retrait), il faut saluer l'arrivée de John Blake (ainsi que le malicieux clin d'oeil dont il fait l'objet, même s'il n'est guère surprenant pour les Bat-Fans) ainsi que l'impressionnante prestation de Tom Hardy pour le personnage de Bane (son regard en dit long, surtout qu'il ne s'exprime QUE par le regard).



Au final, The Dark Knight Rises est-il une déception ? Nous avons envie de répondre “oui et non” mais cela serait trop facile. Plutôt non. Cela reste indubitablement un très bon film, dans la lignée des précédents, même si un cran en-dessous, pour les raisons susmentionnées, ainsi qu'une remarquable conclusion (car succéder à The Dark Knight n'était pas chose facile avec son Joker).

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2 septembre 2012 7 02 /09 /septembre /2012 12:00

L'été 2012 se termine, et force est de constater que, comme chaque été, il n'a pas été avare en "films à voir".

Ci-suit des mini-critiques sur ce que j'ai pu voir.

 

AVENGERS

 

On n'attendait pas grand chose de cette réunion de superhéros tant la qualité des films qui précédait (Thor, les deux Hulk, Iron Man 1 et 2, Captain America) était relative. Et pourtant, AVENGERS demeure une bonne surprise, dont la force réside essentiellement dans son casting, et dans le traitement de chaque superhéros. C'est bien simple : aucun ne prend plus de place que les autres, et tous sont à égalité dans leur traitement, mention spéciale à Mark Ruffalo qui incarne à ce jour le meilleur des Bruce Banner. Deux raisons motivent à aller voir AVENGERS : l'action (rien d'exceptionnel mais du bon boulot quand même) et les intéractions entre chaque héros qui ne manquent pas d'humour. Les acteurs choisis y sont pour quelque chose et chacun a son trait de caractère qui le rend particulièrement attachant (la naïveté de Captain America et de Thor, la colère enfouie de Bruce Banner, la mégalomanie de Stark et de Loki, etc.), même si certain(e)s sont un peu en dessous des attentes (Cobie Smulders, la Robin de HOW I MET YOUR MOTHER, et Scarlett Johansson ne font que rouler des hanches, Samuel L. Jackson joue son propre rôle de leader classe).

AVENGERS se place sûrement comme un des meilleurs films MARVEL (en même temps, vu le reste, c'est pas très dur). Du bon gros cinéma pop-corn divertissant et spectaculaire honnêtement et efficacement mis en scène.

 

4/6

 

 

LA CLINIQUE DE L'AMOUR

 

Artus de Penguern revient après son drôlissime GREGOIRE MOULIN CONTRE L'HUMANITE. Après s'être attaqué aux supporters de foot, il se tourne vers la parodie de soap hospitalier et livre une petite comédie très drôle interprétée avec enthousiasme. Une curiosité à voir.

 

5/6

 

 

THE AMAZING SPIDER-MAN

 

Spider-Man cède, après Batman, à la mode du reboot (on efface tout et on recommence). Rien de bien nouveau pour l'homme-araignée. Si on regrettera l'absence de personnalité dans la réalisation de Marc Webb par rapport à Sam Raimi (le réalisateur des 3 épisodes précédents), ce film se rattrape pour son couple d'acteurs principaux. Andrew Garfield s'en tire plutôt bien, et la jolie Emma Stone va en faire craquer plus d'un. Seuls bémols : un méchant bien fade et une histoire trop classique.

 

4/6

 

 

THE DARK KNIGHT RISES

 

Sûrement le film le plus attendu de 2012. Après THE DARK KNIGHT qui mettait en scène les deux meilleurs méchants de Batman (Joker et Double-Face), place à Bane et Catwoman. Le résultat ? Un épisode dans la lignée des précédents, qui clôture extrêmement bien la trilogie, et qui joue toujours à fond sur ses valeurs sûres (la bienveillance de Alfred, le dévouement de Gordon, la malice de Fox). On saluera bien sûr le petit nouveau (interprété par Joseph Gordon-Levitt) et l'efficacité du gros méchant Bane, mais on sera déçu, comme d'habitude avec Nolan, par les personnages féminins (à commencer par le look désastreux de Catwoman). Enfin, si le film réserve d'excellentes surprises, il est plombé par une longueur excessive et quelques révélations bien prévisibles, sans parler de petites incohérences qui font vraiment tâche. Toutefois, il en faut plus pour faire de cet épisode 3 un vrai mauvais film. Si on a bel et bien affaire à quelque chose d'inférieur à THE DARK KNIGHT (en même temps, le dépasser aurait été difficile), Nolan livre ici une parfaite conclusion à sa trilogie Batman.

 

5/6

 

 

EXPENDABLES 2

 

Après la déception du premier film (trop sérieux, pas assez d'humour et d'hommages), les durs à cuire reviennent cette fois avec l'auto-dérision qu'il fallait. Il n'en fallait pas plus pour apprécier cette réunion des gros bras. Les fans du genre seront aux anges.

 

4/6

 

 

L'ETRANGE POUVOIR DE NORMAN

 

Dans la droite lignée de Coraline, ce long-métrage d'animation "old school" réussit son pari de faire frissonner les petits et de plaire aux grands cinéphiles grâce à des pointes d'humour bien senties, et des clins d'oeil savamment déguisés. Curiosité à voir, même si très orienté pour le jeune public.

 

4.5/6

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12 juillet 2012 4 12 /07 /juillet /2012 12:00

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/83/19/35/20158079.jpgIl y avait de quoi grincer des dents. Sony, qui détient les droits de Spider-Man, projette un quatrième épisode, après le succès du troisième, plutôt bien accueilli par le public malgré des critiques mitigées de la part des nombreux puristes qui n'ont pas aimé le traitement réservé à Venom.

 

Contre toute attente, au lieu de Spider-Man 4, c'est la nouvelle d'un reboot qui est annoncée, à l'image de ce qui avait été fait pour la saga Batman.

 

Mais là où Batman renaissait de ses cendres après huit ans d'absence sur les écrans en raison d'un épisode désastreux (Batman & Robin), Spider-Man subit un formatage moins de cinq ans après la sortie d'un dernier épisode plus qu'honorable.

 

Cela n'est pas sans susciter de vives critiques parmi la communauté, et beaucoup jurent de ne pas aller voir ce nouveau film pour cette raison.

 

Ils auraient pourtant bien tort.

 

Outre les raisons obscures qui ont amené Sony à opter pour une telle initiative (raisons juridiques et financières : si un nouveau film ne sortait pas bientôt, les droits sur le personnage étaient perdus), le reboot de Spider-Man, intitulé The Amazing Spider-Man, constitue une bonne surprise en ce début d'été.

 

Peut-être parce que les gens n'attendaient pas grand chose d'un nouveau film de superhéros narrant en plus une histoire qui avait déjà fait l'objet d'un bon traitement dix ans auparavant.

 

Les noms attachés au projet n'évoquent au premier abord pas grand chose au profane. Le réalisateur, Marc Webb, n'a à son actif qu'une sympathique comédie romantique. A-t-il pour autant les épaules pour s'attaquer à une nouvelle adaptation des aventures du plus célèbre héros Marvel ?

 

La réponse est définitivement oui. Optant pour une approche plus moderne de l'univers, Webb (au nom prédestiné) tisse en toile de fond un aspect complètement oublié du personnage de Peter Parker dans la précédente trilogie, à savoir le traumatisme subi par la perte de ses parents.

 

Pour le reste, on suit grosso-modo les mêmes péripéties qu'ailleurs (la piqûre, la transformation, la perte de l'être cher) mais, bizarrement, le traitement est tellement différent que cela ne choque pas plus que ça.

 

Il y a déjà cette volonté de coller un peu plus au comic, avec le fait que Spider-Man projette ses toiles non pas avec son corps mais avec un système mécanique attaché à ses poignets.

 

De même, exit la romance nunuche avec Mary-Jane Watson, et place à un flirt avec Gwen Stacy, interprétée par la très charmante Emma Stone. Et c'est sûr ce point que Marc Webb fait fort. Là où Sam Raimi s'embourbait dans une guimauve sans fin dans laquelle on ne croyait pas (le binoclard timide et gauche qui arrive à sortir avec son amour de lycée maintenant qu'il enfile des collants), le reboot offre une approche plus fluide en faisant de Peter Parker un marginal plutôt confiant, plus proche des adolescents d'aujourd'hui (skate et sweat à capuche à l'appui), mais surtout plus exposé aux blessures (il revient tous les soirs salement amoché après avoir joué l'Araignée toute la journée, ce qui n'est pas sans inquiéter sa tante May).

 

Andrew Garfield, acteur sur la pente ascendante, incarne plutôt bien ce jeune ado, en pleine crise de la puberté (maigre, grand, incapable au début de maîtriser son propre corps), cet aspect qui transparaît tout le long du métrage là où celui de Raimi ne s'y attardait que quinze minutes, et renforce le capital sympathie du personnage, bien plus authentique que le cliché du binoclard matheux et acnéique.

 

Bien évidemment, ce reboot n'est pas dénué de défauts. Outre des scènes d'action efficaces et des effets spéciaux moins "bouillie numérique" que ceux de la première trilogie, le bémol réside surtout dans le personnage du méchant, à savoir le Lézard.

 

A aucun moment on ne s'attache à cette énième variation de Docteur Jekyll et Mister Hyde. Le visage de la créature est plutôt décevant, même si le reste du corps correspond plutôt bien aux attentes légitimes des spectateurs. Non, vraiment, pour le coup, on regrette ce traitement expéditif là où la première trilogie était pleine de promesses (introduction du personnage dès le deuxième épisode, latent dans le troisième).

 

Heureusement, le spectacle assure suffisamment à d'autres niveaux et propose une relecture plaisante de l'Homme-Araignée. On pourra toujours critiquer le fait que ce reboot intervient (trop) rapidement mais le bouder serait une bien mauvaise chose car il s'agit là d'un bon divertissement.

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12 juillet 2012 4 12 /07 /juillet /2012 00:00

http://images.allocine.fr/r_760_x/medias/nmedia/18/35/50/73/18406192.jpgAujourd'hui, dire de Steven Spielberg qu'il fait de bons films est un pléonasme pur. Le nom du bonhomme est définitivement associé à de l'entertainment de qualité brillamment mis en scène et qui, le plus souvent, bénéficie d'un scénario un minimum intelligent et original.

 

Même quand il s'agit de l'adaptation d'un classique de la littérature de science-fiction, le cinéaste apporte de lui-même. L'écrivain H.G. Wells se doutait-il que ses oeuvres feraient l'objet de plusieurs films? Y compris d'une réalisation de son propre arrière petit-fils, Simon Wells, concernant La Machine à Explorer le Temps version 2002 ? Sûrement pas.

 

Aujourd'hui, H.G. Wells est une référence incontournable du roman SF. Le film de Spielberg est-il quant à lui une adaptation de référence ?

 

La réponse à cette question ne se trouve que lorsque l'on a eu le plaisir de dévorer l'oeuvre écrite et l'oeuvre audiovisuelle. Ce qui n'est pas le cas de l'auteur de ces lignes qui se contentera ici d'évoquer uniquement la seconde.

 

Annoncé par son réalisateur et son acteur principal (Tom Cruise) comme un très bon film de science-fiction, l'accueil de cette Guerre des Mondes fut toutefois mitigé de la part du public.

 

Le thème des extra-terrestres est cher à Steven Spielberg. En témoignent ses précédentes oeuvres (Rencontre du Troisième Type et E.T.).

 

Or, entre celles-ci et 2005, il y a eu le 11 septembre 2001. Un évènement qui changea non seulement la face du monde mais aussi l'image des Etats-Unis en même temps que la célèbre silhouette de la ville de New York.

 

Et plus que jamais ce traumatisme transparaît dans le film de Spielberg, surtant quand la première réaction d'une petite fille de huit ans face aux premières attaques extra-terrestres est de demander, affolée "ce sont des terroristes?".

 

Loin du "classicisme" patriotique et hollywoodien de Independance Day où le monde est sauvé par le Président des Etats-Unis qui s'avère être un ancien pilote de chasse (!),  La Guerre des Mondes s'attache à démontrer le quotidien bouleversé de Monsieur Tout-Le-Monde, ici incarné par un Tom Cruise en mode docker-looser-légèrement-bedonnant.

 

Les principales péripéties seront de suivre les mésaventures de ce père divorcé qui a la garde de ses deux enfants (un ado de 15 ans et une fillette de 8 ans) pendant les attentats. Une réalité crue, dérangeante, malsaine, accentuée par des éliminations massives à la fois très softs et très perturbantes. C'est là que la magie de la mise en scène entre en jeu.

 

Steven Spielberg est un des meilleurs, si ce n'est LE MEILLEUR, réalisateurs officiant actuellement à Hollywood, et c'est particulièrement sur le plan technique qu'il se distingue. Notamment deux plans-séquences : la première attaque et la voiture lancée à fond sur l'autoroute. La photographie, les effets spéciaux, la virtuosité des mouvements de caméra... L'ensemble donne un aspect très documentaire dans la droite lignée de ce qui avait été fait pour Il faut sauver le soldat Ryan (un autre film de Spielberg, comme par hasard), sans occulter l'essence filmique.

 

A ce titre, fait intéressant à noter, c'est à partir de cette Guerre des Mondes version 2005 que d'autres films d'invasion extra-terrestres vont fleurir, chacun avec une forme relativement différente mais avec l'ambition commune de montrer la catastrophe vécue par un groupe bien déterminé de personnes "normales" qui sont tous sauf des héros qui projettent d'aller coller une rouste aux aliens (contrairement à Independence Day). Le très sympathique Cloverfield en est le meilleur exemple, même s'il se contente d'être un gentil mélange de cette Guerre des Mondes et du Projet Blair Witch, agrémenté de destructions massives à la Independence Day.

 

Spielberg confronte le spectateur à ses propres peurs. A la peur de ce qu'il y a sous l'eau (Les Dents de la Mer), en plus de celle que l'on peut avoir dans la forêt voire dans une cuisine (les deux Jurassic Park) ou encore sur la route (Duel, sa première réalisation au début des années 70) se rajoute la menace venue du ciel (le traumatisme du 11 septembre) et surtout de l'espace. La paranoïa américaine est ici exacerbée dans un gros spectacle destructeur qui n'aura pas été du goût de tout le monde. Surtout compte tenu de la description qui est faite de ce "tout le monde".

 

La version de 1953 elle-même met cet aspect en avant. Si les extra-terrestres constituent la principale menace pour la Terre, la menace au sein même de la population terrienne constitue en les Terriens eux-mêmes.

 

Foules en panique, pilleurs, des tas de Monsieur-Tout-Le-Monde qui se remettent à leur instinct de survie quitte à malmener une enfant pour aller dans une voiture... Jamais l'adage "l'homme est un loup pour l'homme" n'aura été aussi bien illustré.

 

Ainsi, quand le père divorcé et ses deux enfants se retrouvent seuls et isolés, c'est là qu'ils se sentiront plus en sécurité. La cellule familiale, bien que légèrement disloquée (les rapports père-enfants sont conflictuels, la maman est ailleurs) demeure ce petit noyau sécurisant, comme cela était aussi le cas dans Jurassic Park (même s'il n'y avait aucun lien de parenté entre les "deux parents" et les deux enfants).

 

Et seul ce noyau offrira une réelle sécurité, personne ne pouvant le profaner et surtout pas le vétéran cinglé qui recueille le père et la fille une fois que le fils est parti, en témoigne la difficile scène du sous-sol où le personnage de Tom Cruise se résigne à faire tout ce qui est en son pouvoir pour protéger son enfant. Une fois de plus, Spielberg livre une scène choc et culte, savamment mise en scène. Là où un jeune réalisateur aurait tout montré à l'écran, le plus expérimenté choisit d'utiliser la suggestion (bruits, jeux d'ombres), à l'image de ce qu'il avait fait pour Jurassic Park quand les dinosaures dévorent les humains.

 

Avec tous ces éléments, difficile de ne pas reconnaître que cette Guerre des Mondes est un sacré bon film. Les plus sévères pointeront surtout du doigt une fin expédiée ou encore l'argument éculé de l'anti-américanisme primaire (drapeaux américains sur les maisons, attaques militaires, patriotisme), mais cela n'empêche pas Spielberg d'avoir concocté un très bon film catastrophe, surclassant de loin la moyenne du genre grâce à une réalisation béton, des effets spéciaux dantesques, une interprétation sans faille et un regard universel et réaliste (certains diront pessimistes) sur la nature humaine et l'instinct de survie.

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28 février 2012 2 28 /02 /février /2012 17:00

http://i4.cdscdn.com/pdt/1/8/4/1/f/3333299719184/rw/blu-ray-dvd-tintin-le-secret-de-la-licorne.jpg

Dédicace à une assidue (M.U.) qui se reconnaîtra ;-)

 

C'était le 27 février 2012 que sortait le TINTIN de Spielberg en DVD et Blu-Ray.

 

Aucune surprise à ce que j'écrive dessus, compte tenu du fait que :

 

- j'ai adoré le film ;

- j'ai adoré la musique ;

- j'attendais ce DVD avec impatience.

 

D'autant plus qu'on peut saluer une initiative assez sympa de la part des éditeurs : c'est l'édition "Combo" regroupant à la fois le Blu-Ray et le DVD, et ce au même prix qu'une édition collector 2 DVD neuve, à savoir, en fonction des magasins un prix variant entre 20 et 25 €.

Pour mémoire, le DVD tout seul coûte entre 15 et 20 €, et le Blu-Ray seul entre 25 et 30 €, avec un supplément 3D.

 

Alors, certes, en ces temps de crise, cela demeure un achat que pas tout le monde peut se permettre dans l'immédiat (surtout si on n'est pas du tout intéressé par le reporter belge pour x raison) mais le fait de tenir ainsi compte du dilemne des potentiels acheteurs est une initiative plus que louable. Je m'explique.

 

Il y a un peu plus de dix ans, le DVD a détrôné le VHS. Et cela fut sale. Le DVD, c'était quand même une révolution en soi : meilleure image, meilleur son, un chapitrage plus aisé (pas besoin de rembobiner si on veut mater une scène précise), une place moindre (boîtier plus fin), la possibilité de mater en version originale (voire version suédois pour les gros fous), divers bonus (making-of, commentaires du réalisateur, etc). Bref. La VHS était perdue et on comprend aisément pourquoi.

 

L'arrivée du Blu-Ray a fait grand bruit mais pour pas grand chose au final puisque le concept demeure inchangé. Le seul plus réside dans le bonus "HD" (Haute Définition) : un son encore meilleur, une image encore meilleure. Encore faut-il pour cela avoir une télé qui sait faire la différence et posséder le lecteur adéquat. Alors certes, c'est plus net et ça se démocratise un peu plus ces derniers temps (le Blu-Ray est en circulation depuis quelques années déjà et a entraîné la mort d'un autre support concurrent : le HD-DVD) mais force est de constater qu'à part avoir une image beaucoup moins pixellisée quand on est à 50 cm de l'écran, le Blu-Ray n'apparaît pas bien menaçant, surtout qu'il est plus cher que le DVD encore et toujours (même si la tendance est à l'alignement avec beaucoup de promos à la clé).

 

Reste que pas mal de DVD sortent du lot. La qualité son et image des DVD varie selon de nombreux facteurs : les éditeurs, le film (une grosse production est toujours mieux lottie qu'un petit budget), l'âge du film (pas facile de restaurer le Citizen Kane de 1941 !) et c'est sans compter ... les publicités et autres slogans anti-piratage. Car beaucoup d'éditeurs (le premier qui me vient à l'esprit est Universal) se sentent obligés de mettre sur tous leurs DVD ces spots vidéos IMPOSSIBLES A PASSER AVEC LA TELECOMMANDE, ainsi que des BANDE-ANNONCES DE FILMS DONT ON A RIEN A F***** ... Tout ça pour dire que les DVD Universal, c'est bel et bien comme les salles de ciné : on attend quelques looooongues minutes avant de pouvoir lancer le film et on nous fait la morale sur le piratage alors qu'on a quand même payé (!!!!!!).

 

Mais cela n'était qu'un exemple. Je reviens donc au test DVD de TINTIN. Je n'ai pas eu le plaisir de tester le Blu-Ray et d'ailleurs, certains se demanderont pourquoi j'ai acheté le Blu-Ray alors même que j'estime que l'avenir du DVD est susceptible de durer encore un peu. La raison est simple. Comme dit plus haut, le son et l'image d'un DVD dépendent du film en question. Et, comment dire cela sans passer pour un neuneu ? ... le film TINTIN de Spielberg, c'est d'la bombe technique.

 

C'est visuellement splendide. La texture des objets, le grain de peau des personnages, les infimes détails... Les studios WETA (qui ont conçu l'univers du films) ont fait un boulot assez monstrueux sur cet aspect et autant dire que, dans une salle de ciné, on en prend littéralement plein les mirettes (difficile de s'ennuyer tant chaque image est riche). Le DVD fait honneur à tout ça car l'image est en tout point parfaite pour un DVD. Tout simplement bluffant.

 

Il en est de même pour le son. Dans un DVD, on va surtout regarder la qualité des voix (VO et VF), des bruitages, de la musique et on voit comment tout ça se marie. Sur beaucoup de films et de DVD, il y a un déséquilibre. Parfois, les voix sont étouffées, ou bien la VO est moins nette que la VF, ou encore la musique est trop en arrière-plan (ce n'est d'ailleurs pas toujours la faute du DVD, mais du mixage du son sur le film lui-même). Sur le DVD de TINTIN, impossible de faire la fine bouche tant rien n'est à déplorer. D'autant plus que, musicalement (John Williams oblige), il fallait une piste audio sachant mettre en valeur la B.O. du film sans empiéter sur les voix et autres effets sonores.

 

Et on garde quand même le meilleur pour la fin : le DVD de Tintin ne souffre d'aucune pub ou autre spot anti-piratage. On lance le DVD, on a le logo de l'éditeur (en l'occurence Sony, qui a toujours fait de bonnes éditions DVD, cf la trilogie Spider-Man de Sam Raimi), un menu stylisé BD et on peut lancer le film. Durée de l'opération : vingt secondes (je rappelle que, pour le DVD de King Kong chez Universal, je dois attendre 2 à 3 minutes de plus).

 

Alors je ne dis pas cela que parce qu'il s'agit de TINTIN (quoique...) mais quand même : autant dire qu'un DVD d'une telle qualité, on ne crache pas dessus. Quant au film, sur lequel j'avais déjà émis un avis ici, je ne développerai pas plus ici, à part qu'il s'agit là d'un pur fantasme de film d'aventures. Peut-être pas un grand film pour certains, mais un bon gros spectacle!

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7 janvier 2012 6 07 /01 /janvier /2012 23:00

 

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/77/98/77/19692981.jpgRépondons d'emblée à la question que l'on pouvait légitimement se poser quant à ce quatrième épisode : il n'est nullement en trop.

 

Il est même bien plus légitime et bien plus jouissif que le troisième, désormais considéré comme le plus faiblard de la saga par la majorité des spectateurs.

 

Scream 4 renoue avec la force des deux premiers opus et c'est avec un plaisir non dissimulé qu'on retrouve une nouvelle fois les éternels (c'est le cas de le dire) héros campés par Neve Campbell, Courteney Cox et David Arquette.

 

A l'heure où les films d'horreur rivalisent d'idées plus gores et malsaines que les autres afin de "faire le buzz", Wes Craven et Kevin Williamson, les deux créateurs de Scream, respectivement réalisateur et scénariste, perpétuent le concept de l'original.

 

Un concept relativement simple, qui a déjà fait ses preuves, et qui offre le double avantage de séduire à la fois le profane et le cinéphile. Le premier Scream reprenait les codes très classiques du slasher et les agrémentait d'une certaine touche de dérision.

 

La dérision, ce sont ces personnages qui connaissent par coeur leurs grands classiques (Psychose, Massacre à la tronçonneuse, Halloween, Vendredi 13, etc.) et en critiquent les rouages absurdes tels que la fille qui se fait attaquer alors qu'elle est en sous-vêtements, ou encore le tueur qui a l'étonnante capacité de se déplacer à la vitesse de la lumière sans qu'on puisse le voir courir une seule fois. Ces mêmes personnages seront inévitablement victimes des mêmes rouages et, comble du comble, ça sera alors au tour des spectateurs que nous sommes de pointer du doigt l'absurdité de leur comportement (en attendant peut-être notre tour, qui sait?).

 

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/77/98/77/19699879.jpg

Scream 2, en tant que suite, prolongeait cet esprit avec, en guise de valeur ajoutée, les traditionnels écueils qu'on fait aux "seconds épisodes". Cette volonté est d'ailleurs marquée par la scène d'ouverture où des élèves en cinéma font l'inventaire des suites "meilleures que l'original" (dans lesquelles on retrouvera Terminator 2, L'Empire contre-attaque ou encore Le Parrain 2).

 

Bref, tout ça pour dire que la saga Scream, c'est un peu le petit guide illustré des règles classiques du film d'horreur, une sorte de comédie horrifique très second degré parfaitement assumée, jouant à fond sur les clichés sans pour autant s'y enliser, et ce malgré le ton de prime abord très sérieux de l'histoire.

 

Scream 4 va plus loin et dresse un bilan sociologique du film d'horreur en général. Un bilan qui se ressent au travers de son casting, majoritairement composé d'acteurs de séries TV, Neve Campbell (La vie à cinq) et Courteney Cox en tête (Friends). Scream 2 s'était enrichi des "stars" de l'époque (Sarah Michelle Gellar de Buffy, et Jerry O'Connell de Sliders) et force est de constater que la tradition se perpétue avec Hayden Panettiere (Heroes) ou, dans une moindre mesure deux autres blondes (Kristen Bell de Veronica Mars et Anna Paquin de True Blood) lors d'une scène d'ouverture proprement hilarante pour qui est habitué au second degré de la saga. On peut aussi citer Adam Brody (l'inoubliable Seth Cohen de Newport Beach).

 

C'est sans compter le "choc des générations". Quinze années séparent le premier du quatrième opus. Et le scénario joue à fond sur cette idée. Après les clichés du film d'horreur et les clichés des suites, c'est au tour des clichés entourant les remakes (le remake du premier Scream lui-même, qui illustre le concept du "film dans le film"), le gore gratuit (Saw) et les nouvelles technologies (Iphone et streaming) de passer à la moulinette.

 

http://images.allocine.fr/r_640_600/b_1_d6d6d6/medias/nmedia/18/77/98/77/19699883.jpg

 

En plus de cela s'ajoute quelques têtes d'affiche dont le nom n'est pas un hasard. Si la jeune Emma Roberts interprète une ado qui souffre de la triste célébrité de sa cousine, c'est avec délice qu'on apprend qu'elle est la nièce de l'actrice Julia Roberts (dont on peut légitimement croire qu'elle a également pu "souffrir" de cette même célébrité). Dans le même esprit peut-on compter Rory Culkin, le frère de Macaulay Culkin, le jeune héros de Maman, j'ai raté l'avion.

 

Un casting est donc tout sauf anodin et se livre au traditionnel jeu de massacre auquel on a droit dans chaque épisode de Scream, le spectateur se demandant par la même occasion qui se cache derrière le masque du tueur. Sans faire de chichi, l'action se veut classique et nostalgique. Scream 4 n'est pas plus gore que les autres, pas non plus très effrayant (voire pas effrayant du tout en fait) et demeurera toujours beaucoup beaucoup beaucoup moins gore que les films d'horreur moyens avec lesquels on nous bassine aujourd'hui. Exemple le plus parlant : la saga Saw, dont un des jeunes acteurs, échappé de Saw 2, joue aussi dans Scream 4. Définitivement, les films d'horreur sont une bien grande famille !

 

Mais surtout, Scream 4 ne déçoit jamais. Sous ses apparences de films d'horreur de bas étage pour ados attardés, la saga Scream cultive un réel amour pour le cinéma horrifique et un humour cajoleur envers ce même cinéma. Cependant, pour ça faut-il encore être familier de cet univers. Et beaucoup passeront sûrement à côté.

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