Voici un article qui n'en est pas vraiment un. Mais promis, d'ici quelques jours, je vais tenter de reprendre un rythme effréné et quotidien afin que vous
ayez de quoi lire le soir lors de vos errances sur Internet!
Aujourd'hui, j'aimerais parler d'un livre que j'ai eu le plaisir de lire il y a plusieurs années, alors que j'étais encore au lycée : Les Lois de
l'Attraction (LLA), de Bret Easton Ellis, écrivain controversé surtout connu pour être l'auteur de American Psycho (que j'ai également lu plus jeune).
Inutile de vous cacher que, dès qu'un livre se vend bien, il est maintenant de tradition de l'adapter en film le plus rapidement possible. Des fois, ça marche bien.
Des fois, ce n'est pas le cas. Je ne m'étendrai pas sur une liste d'exemples mais je ne cite que Twilight et Da Vinci Code pour donner le ton.
Concernant LLA (dont j'ai récemment commencé une seconde lecture du bouquin), l'histoire se déroule dans un campus où une bande de jeunes passent plus de temps à se
shooter et à s'envoyer en l'air qu'à penser à leurs études. On suit donc le quotidien de trois d'entre eux (Sean, Paul et Lauren), sachant que Paul veut se taper Sean qui veut se taper Lauren qui
aimerait rester fidèle à Victor (qui est parti en Europe).
Vu comme ça, c'est digne du pire des soap pour ados. Seulement voilà, ici, c'est plutôt trash.
Et vu que je n'ai pas le courage, le temps et l'envie de faire un conglomérat de deux critiques sur le film avec lesquelles je suis entièrement d'accord, je vais
faire un copier-coller de ces dernières ici.
Avant toute chose, voici quand même mon avis personnel sur le film (que j'ai pu comparer au livre) : l'adaptation est fidèle et réussie. Bien sûr, tout n'est pas
entièrement fidèle et certains éléments varient selon le support (Lauren est vierge dans le film mais pas dans le livre, etc), mais quand on voit le film, il est clairement une réussite.
Anti-teen-movie par excellence, LLA est un très bon film, un peu trash, mais respectant l'esprit du bouquin juste ce qu'il faut. Les histoires croisées entre les trois personnages
principaux ne sont pas sans rappeler Pulp Fiction (d'ailleurs, le réalisateur de LLA, Roger Avary, est un collaborateur de Quentin Tarantino, et on sent nettement l'influence), la BO est
sympathique, le casting à contre-emploi est un régal (l'acteur de Dawson en connard, Jessica Biel en chaudasse shootée)...
Non, vraiment, LLA mérite d'être vu, éventuellement d'être lu si on excuse une traduction hasardeuse.
Et pour rester dans le thème de Bret Easton Ellis, évitez l'adaptation cinématographique de American Psycho, véritable déception (malgré la présence de
Christan Bale au casting).
Bande-annonce de LLA ici.
Extrait d'une des meilleures scènes du film ici.
Et voici les deux fameuses critiques dont je parlais, l'une est d'un ancien blogueur dont j'avais déjà parlé (Merovingien02), et l'autre sur le site krinein
(qui est rigolote puisque rédigée dans le style d'écriture de Bret Easton Ellis justement).
Au passage, petite dédicace à l'amie qui a acheté le DVD sur Lyon et ne l'a toujours pas maté : qu'est-ce que t'attends??!
MEROVINIEN02
On avait franchement de quoi s'inquiéter d'un projet comme les Lois de l'Attraction. Non pas que la perspective de voir l'adaptation du livre culte de Bret
Easton Elis ne nous faisait pas envie (si vous n'avez pas lu le livre, bougez-vous le cul !!!). Mais après l'adaptation très tiède d'American Psycho, on en venait à croire que le style Ellis
était définitivement trop radical pour être porté à l'écran sans être trahis et férocement édulcoré. Si en plus de ça on se fie au casting plein de stars de la télé teenage, on pouvait craindre
une énième campus movie dans la lignée des tristes American Pie.
Sauf que. Derrière la caméra, on retrouve Roger Avary, pas franchement habitué au formatage après son premier film Killing Zoe et une participation à l'écriture
de Pulp Fiction. Rien que pour ça, les Lois de l'Attraction balaye d'un revers de la main les préjugés les plus coriaces. En apparence, un film pour ados décérébrés avec tous ses clichés et ses
gags gras. Au final, l'anti-American Pie : méchant, sans concession. Le cul n'est plus seulement prétexte à des blagues potaches finalement inoffensives. Derrière le salace pointe un véritable
portrait dramatique de la jeunesse sans repères affectifs. « Personne ne connaît personne » nous martèle-t-on. Ce sentiment de solitude, Ellis le représentait par sa profusion de personnage (une
vingtaine) parlant en voix-off uniquement et n'ayant que des échanges superficiels avec les autres. Le roman commençait au beau milieu d'une phrase et s'achevait avant un point. On passait d'un
personnage à l'autre sans lien logique, renforçant leur éloignement, leur désarroi. Cloisonnés dans leurs tourments et leurs pulsions autodestructrices, ses héros renvoyaient à une critique de
l'Amérique débauchée, celle qui se cache derrière le vernis du bien pensant.
Ce mode d'écriture nerveux et sec (certaines phrases n'ont pas de sujet), Avary le retranscrit parfaitement à l'écran en se focalisant sur 3 personnages
principaux autour desquels gravitent quelques autres figures. La narration est éclatée, se contentant de scénettes à l'utilités discutables mais formant à un patchwork cohérent dans une certaines
idée de la progression dramaturgique menant à la fameuse soirée finale (qui débute le film). Enfin, la voix-off va occuper une place prépondérante, soulignant les différences entre les êtres.
Ainsi, alors que Paul nous confie ses fantasmes en regardant amoureusement Sean, les pensées de celui-ci souligne qu'il n'est non seulement pas intéressé mais qu'en plus, il pense complètement à
autre chose.
Toujours isolés (il n'y a quasiment aucune interaction entre les 3 héros alors qu'on censé être dans un triangle amoureux), les personnages mènent leurs petites
vie sans se soucier de celle des autres. Le sentiment de peine qui habite chacun d'eux trouvera sa plus terrible expression lors d'une séquence de suicide brutale d'une inconnue avant que le
spectateur ne s'aperçoive que cette inconnue était présente plusieurs fois à l'écran depuis le début du film sans qu'on ne la remarque. Radical. Et terriblement bien mis en scène, avec un plan
fixe sur le visage de la jeune fille vacillant peu à peu tandis que la musique résonne comme un écho lointain. On ne soupçonnait pas chez Avary une telle maîtrise de la réalisation. Se rangeant
dans la catégorie des mises en images modernes et le bon versant MTV (dans la veine de Requiem for a Dream entre autre), Avary jongle avec les diverses possibilités d'After Effect pour renforcer
ses idées. Pour montrer que Sean et Lauren n'ont rien à voir l'un avec l'autre, il balance un spleen screen où l'on suit chacun à leur réveil, jusqu'à leur rencontre dans un couloir où là encore,
leur face à face se fait sur les deux moitiés de l'écran. Quand Paul fantasme sur Sean, l'écran se divisera également pour montrer la vérité et le rêve (une masturbation frénétique contre une
partie de jambes en l'air passionnée) Les destins de ces 3 figures adolescentes seront malgré tout liés dans une séquence d'introduction de 15 minutes où l'on accompagne chacun vers son drame
personnel, avant que l'on ne reparte en arrière par un défilement d'images à rebours reprenant à un moment précis d'une fête. On n'est pas prêt non plus d'oublier le voyage en Europe, grand
moment d'hystérie visuelle et cynique où toute la superficialité de Victor est révélée. Un looping du cerveau intégral nous laissant aussi sonné et vide qu'après une bonne cuite. En ne
s'articulant qu'autour de succession de soirée étudiante, en laissant de côté toute la vie étudiante et en n'évoquant que de très très loin les liens familiaux des personnages paumés, Avary
prouve qu'il a saisis toute la substance du livre d'Ellis sur le nihilisme des adolescents.
Mieux, il profite de la présence d'un casting de star du petit écran pour massacrer les images auxquelles ils sopnt cantonnés. Avec en tête un James Van der
Beek vampirisé qui piétine joyeusement son image aimable de Dawson ainsi que Jessica Biel qui s'affranchit de la bigote série 7 à la maison en devenant la plus grosse salope de la fac. Un cliché
réduit à néant. Les fans de série bien pensante et gentil ainsi que de comédies pour d'jeunes risquent de faire une attaque. Car ce qui prêtait à rire dans un Road Trip ou un American Pie devient
ici un véritable drame. La jeune vierge qui se fait dépucelée se fait carrément violer face caméra avant de se faire vomir dessus, souillée au plus profond d'elle-même. Le beau gosse de la fac
est un dealer sans avenir et le film se clôt sur sa voix-off, avant qu'il ne termine sa phrase, comme s'il n'avait ni avenir où encore que le cauchemar de ces personnages ne prendrait jamais fin.
Cinglant, grinçant. On rit beaucoup. Mais on rit jaune. Hypnotique, le film bénéficie qui plus est d'une bande originale merveilleuse, passant sans complexe des rythmes endiablés de Toromandy à
un bout de Serge Gainsbourg, du George Michael ou encore une résurrection de Donovan. Démentiel et fun.
Au bout du compte, les Lois de l'Attraction est un film sur des sujets extrêmement positif et romantique (la quête d'amitié et d'amour) mais aux réponses
négatives, de part le nature même de ses protagonistes incapables de se prendre en charge, autant qu'il ne se remettent jamais en question. Ils ne pleureront même pas sur leur sort. Il faudra un
flocon de neige tombant sur la joue de Sean pour donner la sensation qu'il pleure. Une larme artificielle, comme les vie artificielles et superficiels de ces pantins égarés. Choc pour la lectrice
de OK Podium qui aura bien du mal à accepter cette orientation sans concessions d'un film aux apparences si futiles et rigolotes (l'excellente affiche représente des peluches en train de
forniquer dans les positions les plus célèbres du Kama Sutra).
Féroce, brillamment réalisé et maîtrisé, le film parvient à nous faire ressentir le vide affectif des héros, et donc à aller au-delà du choc trash qui l'aurait
réduit dans sa portée. Ses jeunes qui baisent et se droguent pour oublier leur malaise n'en sont que plus « vrais » et le film s'impose sans problème comme le meilleur teen movie qu'on ait pu
voir.
NOTE : 6/6
Bret Easton Ellis
... et tu vois : c'est déjà reparti pour un tour ! Pauvre société américaine : à peine a-t-elle mis le doigt sur une affaire qu'elle l'exploitera au
maximum. Et oui : capitalisme cela s'appelle ! J'ai galéré pour en arriver là où je suis, j'ai écrit des livres, j'ai clairement montré mon dégoût pour ce petit monde mesquin qui
m'entoure : les riches, les golden boys, en bref : les maîtres du monde ! Petit étudiant, j'ai enchaîné les succès tout en défrayant les chroniques littéraires. 21 ans ! 21 ans, tu te
rends compte et mon premier livre, Moins que zéro est déjà considéré comme un chef-d'oeuvre. J'ai récidivé avec Les
lois de l'attraction, j'étais encore plus violent et je me suis attaqué au milieu des riches universitaires qui passent leur temps à se droguer et à s'envoyer en l'air. Le public
en veut toujours plus, tu le sais, alors forcément j'ai mis le paquet avec American Psycho, et là j'ai été autant adoré que détesté ! Je t'ai
raconté comment des associations de féministes américaines m'ont menacé de mort, on se croirait en pleine paranoïa genre Salman Rushdie ! Bon, après je me suis un peu calmé,
j'ai laissé les choses se tasser, et puis le fait que mes livres soient plus achetés que brûlés prouvent que quelque part ma place était ici. Je voulais faire un roman énorme, un truc
complètement dingue et bien violent, mais en attendant j'ai publié quelques nouvelles dans un recueil, Zombies, mais les fans savaient. Ils
savaient que j'allais récidiver, je me devais de ne pas les décevoir, alors j'ai écrit Glamorama, je peux te dire qu'ils en ont eu pour leur
argent : cette fois, c'était au milieu de la mode et de la nuit d'en prendre pour son grade.
Comment ? Ah ouais, le capitalisme ! Tu sais qu'à Hollywood, ils aiment bien amasser des millions sur des scénarios adaptés de best-sellers, le
problème c'est qu'ils donnent la réalisation à n'importe quel fils-à-papa-réalisateur, et le film est au mieux très moyen... En 1987, on adapte Moins
que zéro, quelle catastrophe ! En 2000, c'est American Psycho qui passe sur la planche à billet : quelle déception ! Et maintenant, c'est au
tour de : Les lois de l'attraction, je me suis dit : "jamais deux sans trois", j'avais incroyablement tort ! Je te jure, Roger a vraiment fait un
boulot de dingue, surtout pour...
Roger Avary
... comme cela, par pur hasard ! Je ne te cache pas que pour un premier film, Killing Zoe a été plutôt bien remarqué
! Oui il était violent, mais on vit dans une société violente, et c'est une critique ! Les méchants ne sont pas forcément les plus mauvais ! D'ailleurs peu de monde l'a compris. Alors
j'ai pris une pause, j'ai réfléchi, et j'ai écrit le scénario de Pulp Fiction avec Quentin, une sacrée bonne idée. J'aime bien les histoires où les
personnes se croisent, où les interactions se multiplient. Mais le cinéma est trop plat pour en rendre compte : on suit toujours un héros d'une situation initiale à une situation
finale avec au milieu un élément perturbateur, c'est d'un cliché ! Je veux sortir de ce circuit, et Pulp Fiction à ce niveau m'a pas mal réussi.
J'ai lu pas mal de livres de Bret, et franchement, Les lois de l'attraction colle bien à ce style : des monologues de différents personnages se
rencontrant, sans début, sans fin, sans climax, mais bourré d'interactions ! J'ai bossé dur, crois-moi, j'ai réécrit le scénario et je me suis auto-produit en grande partie. Le
résultat vaut le coup non ? Mais non je ne dis pas cela pour me faire mousser, si je dénonce les riches étudiants mégalos, ce n'est pas pour me ranger de leur côté ! Ah d'accord, tu ne
l'as pas vu ? Comment ? Te résumer l'histoire ? Vaudrait mieux que tu demandes à la personne qui a monté le film, Sharon. Ce que je fais maintenant ? Et bien figure-toi
que...
Sharon Marie Rutter
... vraiment trop complexe ! Tu sais, ça me fait plaisir que tu viennes me voir. Pourquoi ? On va faire un petit test. Tu es prêt ? Cite-moi cinq
réalisateurs connus ? Oui je sais, c'est facile ! Bon, cite-moi cinq acteurs et cinq actrices connus ? Très simple en effet... Allez, cite-moi cinq monteurs connus ? Aïe, tu vois, tu
n'es même pas capable d'en citer un seul ! Pourtant le monteur, bien que peu médiatisé, est une pièce maîtresse dans la réalisation du film. C'est nous qui donnons un sens à
l'histoire, l'essence même du film, c'est nous ! Forcément j'étais enchantée quand Roger m'a proposé le projet, et puis, travailler avec un beau gars comme lui, ça ne se refuse pas !
Mais oui je rigole ! Le film ? Tout se passe dans la prestigieuse université de Camden, réservée aux riches étudiant de ce pays. C'était sans compter que ces chers étudiants passent
leur temps à se droguer, à forniquer et se prendre la tête plutôt que de travailler. Comment ça tu vois pas l'intérêt ? Enfin imagine la critique pamphlétaire ! Les élites sont des
monstres, des ados complètements barges ! Tu sais quoi ? Sean Bateman est joué par James Van Der Beek, tu sais, le mec de la série Dawson ! Et bien
Sean est un gars qui...
Sean Bateman
... car je suis un tombeur ! Je suis beau et elles sont toutes à mes pieds, pas une ne me résiste. Y a qu'à les voir passer, je les snobe et elles
roucoulent. J'en ai plein le dos des cours, la fac, c'est bon pour se faire des filles, dealer un peu de temps en temps et surtout faire des soirées, de véritables orgies
pantagruelesques. J'ai couché avec tellement de filles que je ne me souviens plus avec qui, tant de visages et tant de corps que je n'en vois plus la fin. Depuis peu, je suis amoureux,
ouais, vraiment amoureux ! Mais non je l'ai pas encore sautée, j'attends "la fête de la baise" ! Depuis peu, un homo me tourne autour, cela en devient même agaçant ! Son nom ? Paul, Paul
Denton. Ah ! Le nom de la fille que j'aime ! Excuse-moi : c'est Lauren Hynde : Rock'n'Roll. Tu sais ce qu'on raconte ? Qu'elle serait encore vierge ! Tu te rends compte, à cet âge-là, et
à Camden ! Par contre, elle est chaude, tu verrais les lettres qu'elle me dépose secrètement, j'en reviens pas ! Oh ! Si tu voyais son superbe...
Lauren Hynde
... forcément pas de cette manière ! Non, je n'irai pas à "la fête de la baise", cette sordide soirée où tout le monde couche avec tout le monde, je tiens
à me préserver. Pour m'en dégoûter, je regarde des photos de maladies vénériennes, jusqu'à présent ça marche ! Je suis un peu perturbée en ce moment, j'essaye de ne pas paraître
trop "out", d'un autre côté je suis encore restée aux drogues douces... J'ai l'impression que Sean me tourne autour, mais je le vois souvent fricoter avec Paul. Sean en serait-il ?
Pardon ? Pour qui je me préserve ? Pour mon petit ami, Victor, il est en voyage en Europe en ce moment, j'ai hâte qu'il rentre si tu savais ! Bon, on y va à cette fête ? Sean pense que je
lui dépose des lettres, pourtant je n'ai pas le souvenir d'avoir...
Paul Denton
... et le tout posé sur un beau petit cul. Cueillir Sean serait cultiver le paradis. Je suis sûr qu'il en est, ça se voit, en plus il ne refuse pas mes
invitations. Je compte bien serrer son corps musclé contre le mien, avant de partir chez ma mère ce week-end. Je suis jaloux, je le soupçonne de vouloir se rendre à "la fête de la
baise" et de partir avec le ou la première venue. Je crois que j'en suis amoureux, il est tellement beau, vif, sculpté. Si seulement je pouvais concrétiser : la plupart des hommes que
je rencontre ne sont pas du même bord, c'est agaçant, c'est angoissant de savoir que je peux perdre Sean, à cause d'une fille comme Lauren ou comme celle qui lui laisse des lettres
désespérées. Les hommes et les femmes semblent être tiraillés par des lois physiques et chimiques qui les dépassent : les lois de l'attraction. Cela me rappelle qu'un jour...
Sharon Marie Rutter
... très spéciaux. Mais le scénario reste classique tu vois ? Le but c'est les interactions ! Alors c'est là que mon art est entré en jeu. J'ai d'abord
monté des scènes à l'envers. Pour t'expliquer, on suit un personnage dans une soirée, puis à la fin de la scène, la camera suit un autre personnage, mais la scène se déroule à
l'envers ! La scène recommence à l'endroit, plus tôt mais avec quelqu'un d'autre, et ainsi de suite ! Ce n'est pas tout, il y a pas mal d'effets en accéléré, un peu comme dans Requiem for a dream. Sans parler du split-screen pour suivre l'action de deux personnes en même temps ! Là où j'ai fait très fort, c'est
concernant Victor. Son voyage en Europe est résumé en cinq minutes, avec des plans de moins de deux secondes, sans compter sa narration sans coupure ! Mais le film ne se perd pas dans
les effets de montage, bien au contraire car ils traduisent parfaitement les situations ! Oui, je le dis sans m'en cacher : ce film est MON chef-d'oeuvre ! Après ? Oh j'ai fait le
montage de 8 Mile, mais personne n'a retenu mon nom une fois de plus ! Au fait,
tu sais ce qu'a dit Roger à propos de...
Roger Avary
... sacrément fun ! Je sais bien que l'on me compare à Michel Gondry et à
son Human Nature, je sais bien qu'on me compare à Aronofsky et à son Requiem for a dream
mais franchement, ces films n'ont rien à voir ! De toute façon, ce film est une tranche de vie, pas le compte-rendu d'une soirée ou une descente aux enfers ! Il commence et termine en
plein milieu de phrases, le spectateur est l'oreille indiscrète des monologues et des conversations ! Je pense tout de même à sérieusement...
Bret Easton Ellis
... frais n'est-ce pas ? En tout cas, je suis très satisfait, ce film est une adaptation fidèle de mon texte tout en étant libre au niveau des images,
Roger et Sharon ont fait un boulot formidable ! Le mot de la fin ? Finalement, Hollywood peut réaliser des "anti-teen-movie" critiques, tout en respectant mon oeuvre, et je ne
m'en porte pas plus mal ! La prochaine fois, pense juste à...