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23 juin 2010 3 23 /06 /juin /2010 12:20

http://www.goldenscore.fr/images/harrypotter6.jpgCet article risque de ne pas plaire à tout le monde. En effet, si vous n'êtes fan ni de musiques de films ni de Harry Potter, autant que vous passiez directement votre chemin.


Si, malgré cela, vous continuez à lire ces lignes parce que vous trouvez que l'auteur, dans sa modestie légendaire, a une plume tellement agréable qu'il vous est impossible de résister à la lecture de ce qui suit, vous m'en voyez tout flatté et vous souhaite donc de passer un agréable moment en compagnie de cet écrit.


Ecrit qui va porter sur un exercice particulier : la critique d'album de musique de films. Je m'y étais déjà timidement adonné pour d'autres albums (notamment celui de Batman Forever) mais je n'avais pas été convaincu. Et comme chacun le sait, si on ne se convainc pas soi-même, difficile de convaincre les autres. Le tour de force va résider dans l'impression que je vais vous donner de connaître à fond mon sujet (la musique de films et ses techniques) alors que ce n'est absolument pas le cas.


Je remercie au passage les gens qui prennent le temps de me lire et de laisser des commentaires. Ca fait particulièrement plaisir d'entendre qu'une amie a cherché dans une librairie la BD Peter Pan de Régis Loisel sur laquelle j'avais émis un avis ici et . De même d'avoir donné envie à cette même amie de revoir la série Heroes et de tenter d'enrôler son copain dans la communauté des fans. Ce sont de petites victoires, mais qu'il faut célébrer comme des grandes, car bien souvent les défaites sont plus nombreuses.


Je reviens donc au sujet de cet article : la critique (j'ai plutôt envie de dire l'avis subjectif de Citizen Cancre) sur la musique du sixième épisode de Harry Potter (HP6).


HP6 est sorti sur nos écrans il y a presque un an. La sortie était initialement prévue pour fin novembre 2008 mais devant le succès rencontré en été 2008 par la Warner (qui détient les droits des films Harry Potter -HP-) avec The Dark Knight (elle détient aussi les droits des films Batman), il a été jugé bon (bon pour la Warner, pas pour les fans qui ont dû attendre sept mois de plus) de reporter la sortie de HP6 pour l'été 2009.


Attente donc incroyablement longue pour les fans de HP qui ont dû patienter deux grosses années entre la sortie de HP5 et celle de HP6.


HP6 est à mon sens un des meilleurs épisodes de la saga Harry Potter avec HP3. On pourra dire ce qu'on voudra, que l'histoire n'est pas respectée, qu'il manque beaucoup de choses, que l'on imaginait pas telle péripétie comme ça, il n'empêche que les films HP sont des adaptations. Adaptation n'est pas transposition. Un film ne fait pas passer les mêmes émotions qu'un livre, et vice-versa. Donc un film ne sera que rarement supérieur à un livre, sauf peut-être pour ce qui est de l'action (les scènes de combat ne sont pas particulièrement faciles à rendre captivantes avec des mots).


Mais je développerai plus tard mon avis sur le film HP6. C'est ici la musique de ce long-métrage qui nous intéresse.


J'ai choisi de donner un avis à cette bande originale (B.O.) parce qu'elle est relativement facile à critiquer.


Premier point, il est facile de critiquer le compositeur, un Britannique inconnu répondant au nom de Nicholas Hooper, qui livre ici sa deuxième oeuvre pour le cinéma avec HP6. Deux ans plutôt, le même monsieur avait composé la musique de HP5. Habitué au téléfilm, Hooper a donc imposé un style simpliste et facile à HP5. Les pistes du CD, à l'exception de quelques-unes, étaient majoritairement décevantes et peu mémorables, jouant trop sur aspect Disney qui a pu convenir à quelques scènes comiques mais pas à celles dramatiques.


Les béophiles (c'est ainsi qu'on appelle les fans de musique de films, à ne pas confondre avec "béotien" qui signifie "ignorant et grossier") ont donc été largement déçus. Il faut aussi dire que Nicholas Hooper passe après deux talentueux compositeurs expérimentés que sont John Williams (le maître incontestable de la musique de films américaine) et Patrick Doyle (compositeur britannique au style classique et efficace). Il est d'ailleurs étonnant que la Warner n'ait pas protesté quant au choix de confier la musique d'une production telle que Harry Potter à un compositeur quasi-inconnu.


Soyons cependant indulgents. Nicholas Hooper n'a pas non plus livré une musique complètement pourrie. Elle colle plutôt bien aux images et remplit bien son rôle. Elle ne restera juste pas dans les annales de la musique de films comme la musique de John Williams a pu le faire avec le maintenant classique et célèbre Hedwig's Theme (encore appelé vulgairement "thème de Harry Potter").


Autre point positif pour Hooper, la musique de HP6 est bien moins décevante que celle de HP5. Ce n'est pas tout à fait ça, diront certains (dont je fais partie), mais c'est largement assez pour illustrer les (magnifiques) images du film.


Le seul et unique CD de HP6 se décompose ainsi en 28 pistes. Plutôt mauvais signe pour une musique de films, puisqu'un nombre élevé de pistes correspond, de manière inversement proportionnelle, à la durée de chaque piste. Inutile, donc, de s'attendre à des musiques de près de cinq minutes (comme cela fut souvent le cas pour la musique des autres films HP), la musique la plus longue dépassant péniblement les 3:30 min, pour une moyenne de 2 minutes par piste.

 

 

 

La première piste, comme son nom l'indique (Opening) est l'ouverture du film. Le Hedwig's Theme s'y fait entendre en écho mais de manière discrète et timide, préférant laisser la place à une mélodie d'une infinie tristesse, illustrant l'image d'un Harry en deuil, en proie aux journalistes qui l'interroge sur l'évènement tragique ayant amené au décès d'un être cher. Pour la première fois, le titre du film apparaît sur une mélodie autre que le traditionnel thème de Harry Potter. Une belle introduction en matière, qui a su retranscrire à merveille le sentiment de solitude du héros. Malheureusement, le reste de la piste est gâchée dans sa deuxième partie par une musique guerrière et menaçante illustrant l'attaque d'un pont londonien par les méchants de l'histoire. Extrêmement simpliste, la musique se fait progressivement plus menaçante et rapide, à l'aide de gros tambours et de violons stridents horrifiques. Première déception, donc. Le thème des méchants se doit d'être percutant et mémorable. Hooper loupe ici cet aspect et cède à la facilité : il enfile de gros sabots et se contente d'une recette vue et revue. Heureusement que la première minute de cette introduction remonte le niveau.

Pour la deuxième piste, In Noctem, Hooper livre un chant. Audacieux et juste. Cela avait déjà été fait dans HP3 par John Williams avec Double Trouble, ce qui avait conquis le coeur des fans, la chanson illustrant à merveille le côté magique et décalé "potterien". Pour In Noctem (signifiant "dans la nuit" en latin, sauf erreur), l'ambiance est plus lugubre. La magie est bien présente, mais une magie plutôt "nocturne". Les paroles sont à moitié en latin, à moitié en anglais, et la musique utilisée en arrière-plan fait penser à une berceuse. Une musique faussement rassurante du meilleur effet, qui n'est pas utilisée intégralement dans le montage cinéma mais faisant l'objet d'une scène coupée disponible sur le DVD (où on aperçoit la chorale de l'école s'exercer le soir avant la scène finale).

Je n'ai pas particulièrement aimé cette troisième piste (The Story Begins), qui illustre la scène où Harry rejoint Dumbledore pour partir à l'aventure. La mélodie est peu inspirée et simpliste dans la première minute malgré son côté motivant. La deuxième partie vire durant trente secondes dans un aspect horrifique malheureusement désamorcée par un motif étonnament joyeux mais mal placé (qu'est-ce que ça vient faire là?). On voit clairement que Hooper ne sait pas sur quel pied danser.

La quatrième piste (Ginny) amorce le côté romantique qui gouverne dans le reste de la B.O. Mais le véritable attrait de cette musique, c'est la reprise joliment classique du Hedwig's Theme, qui se fera entendre pour la dernière fois sur le CD.

Snape & The Unbreakable Vow est une musique de méchants. Ambiance sombre et inquiétante, effets garantis.

Premier coup de gueule pour cette piste qui, dans son titre entre parenthèses, dit tout ce qu'on lui reproche : Wizard Wheezes (Not In Film). Une mélodie jazzy entraînante dont elle devine qu'elle devait illustrer la scène du magasin de farces et attrapes de jumeaux Weasley, mais qui n'a finalement pas été retenue, et à laquelle a été préférée la gigue irlandaise qu'on entend dans HP5 quand les mêmes jumeaux Weasley foutent le bordel durant l'examen de fin d'année avec des feux d'artifice. Vraiment dommage!

Dumbledore's Speech, c'est la version sans parole de In Noctem. Ambiance pesante à souhait à laquelle se rajoute, avec cette absence de paroles, un côté mystérieux assez efficace.

Living Death illustre le cours de potions. La musique est alors légère, sautillante et comique, pour une scène digne d'un dessin animé. Très agréable et ludique. Un des morceaux que je préfère.

Musique d'ambiance pour cette incursion dans la Pensive (Into The Pensieve). Ambiance toujours pesante. Rien de transcendant. Musique fonctionnelle. Rien de plus à ajouter.

L'attrait de cette piste (The Book), outre sa première partie mystérieuse et angoissante tournant autour du livre du Prince de Sang-Mêlé, c'est sa deuxième partie, légère et comique, comme Living Death, le côté sautillant en moins.

Ron's Victory, c'est le morceau d'action du CD! Et pour couronner le tout, c'est un hommage à la musique Quidditch, Third Year de John Williams entendue dans HP3. Le style est hélas simpliste et facile, à l'image de la BO entière, mais c'est entraînant et plus que fonctionnel. Un autre morceau que je préfère.

Harry & Hermione est le morceau romantique du CD. Hooper utilise la harpe pour une mélodie mélancolique. C'est vu et revu mais efficace. Mais le plus intéressant, ce sont les vingt dernières secondes qui accompagnent un sublime plan du château de Poudlard où, pendant qu'on aperçoit Ron embrasser sa petite amie à travers la fenêtre, la caméra se dirige vers la Tour d'Astronomie où Drago, seul et désespéré, regarde le vide (pour peu, on penserait qu'il songe au suicide).

Je n'ai pas beaucoup aimé School!. Style trop lourd et pas vraiment utile, surtout quand on voit la scène que ça accompagne (une conversation entre Ron et Harry).

Malfoy's Mission est un autre morceau du CD que j'aime beaucoup. Bien que simple dans sa construction, il demeure extrêmement efficace, notamment grâce aux quelques notes de piano se faisant entendre à la fin de la première minute.

Slug Party est une musique de gala plutôt comique. Il est vrai que la scène qu'elle accompagne est drôle et sonne juste. Rien de plus à dire.

Le thème des méchants est de retour dans Into The Rushes. Il n'avait pas convaincu dans Opening, il ne convainc pas plus ici.

Hooper excelle ici dans cette marche funèbre aux accents irlandais. Farewell Aragog est un bel et noble morceau, tout comme le paysage qu'on aperçoit dans le film quand il se fait entendre.

Ce morceau est quasi-identique à celui de Dumbledore's Speech. Même son titre est similaire, ou presque (Dumbledore's Foreboding). Je n'ai pas compris l'intérêt de ce morceau qui fait doublon dans le CD.

Of Love & War est dans la même lignée que Ron's Victory. Une musique d'action, mais qui n'est pas utilisée dans le film. Je pense qu'elle aurait dû illustrer la scène de l'entraînement de quidditch mais, une nouvelle fois, une piste de HP5 a été préférée. Vraiment dommage.

Dans la continuité de Harry & Hermione, le titre de cette piste dit tout ce qu'il y a à savoir : When Harry Kissed Ginny. Cordes romantiques. L'aspect mélancolique en moins, le côté cucul-la-praline en plus. D'où ma préférence pour Harry & Hermione.

S'il y a bien un thème qui revient plusieurs fois dans HP6, c'est bien celui de l'excellent professeur Slughorn : un thème joué à la flûte qui sied magnifiquement au personnage. Il est dommage de ne trouver dans le CD qu'une seule piste (Slughorn's Confession) qui y est consacrée alors qu'on l'entend bien 5 ou 6 fois dans le film.

Les choses sérieuses commencent avec Journey To The Cave. Le début de la piste est triste et attendrissant puis devient guerrier dès que Harry et Dumbledore arrivent devant le grotte. La musique est alors sérieuse et puissante, mais encore une fois trop simpliste et pas assez glorieuse, préférant s'axer sur le côté dramatique.

The Drink Of Despair... Un titre bien lugubre pour une scène qui ne l'est pas moins. Simple et efficace. Et perturbant pour les âmes trop sensibles.

Plongée dans l'horreur avec Inferi In The Firestorm durant la première minute. La deuxième minute se veut plein d'espoir et grandiose. Pour l'espoir, ça marche. Pour le grandiose, on repassera, la musique de Hooper se passant de basses qui auraient ici trouvé leur place.

The Killing Of Dumbledore ou le titre qui vous raconte le film... HP4 et HP5 avaient eu des pistes aux titres similaires. Je me demande ce qui passe par la tête des compositeurs à ces moments-là...  Bref. Quoiqu'il en soit, morceau attendrissant au début virant soudainement en morceau stressant par ses violons répétitifs et rapides.

Dumbledore's Farewell est un autre thème récurrent de HP6. Il s'agit d'une version plus longue et plus grave de la première partie du Opening. Larmoyant à souhait, mais moins efficace. Certains diront que c'est le morceau phare du score. Ca n'est pas mon cas.

The Friends ou une musique rassurante et pleine d'espoir, comme on a l'habitude d'en voir dans les autres films HP. L'attrait réside dans la mélodie mélancolique accompagnant le vol du phénix qui pleure la mort de son maître.

Weasley Stomp ou une nouvelle gigue irlandaise, entraînante et sautillante! Sublime! Mais une nouvelle fois absente du film. Décidément... Je me demande sérieusement à quoi pensent les monteurs qui ont la plupart du temps oublié d'intégrer au film les meilleurs morceaux d'une BO relativement moyenne.

 

Le bilan est, vous l'aurez compris, ceci : simplisme et facilité. Musique fonctionnelle mais pauvre, trop axée sur les aigues et pas les basses. Néanmoins, c'est toujours mieux que HP5. Dans tous les cas, Nicholas Hooper ne vient pas pour HP7, préférant céder la place à un compositeur français plus expérimenté et connu que lui : Alexandre Desplat (qui a fait parti du jury du dernier festival de Cannes). Espérons que le monsieur saura livrer un travail faisant honneur à la France (c'est pas avec les Bleus qu'on va être fier du drapeau tricolore!).

 

Et c'est seulement maintenant que je me rends compte de ceci : si vous avez eu le courage de lire tout ce qu'il  y avait au-dessus, je vous adule.

 

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